Antiquité: les débuts de l'astronomie (de -3000 au Moyen-Age)
Environ 2000 a 3000 ans avant J-C, en Mésopotamie, les Sumériens, Babyloniens et Assyriens développent des systèmes de calendrier basés sur les cycles lunaires, observent et prédisent les éclipses, et créent les premières cartes célestes et listes de constellations. Ils sont les premiers à utiliser des méthodes mathématiques pour l'astronomie. Ils utilisent notamment des étoiles pour l’agriculture et la navigation.Thalès - premier astronome?
Bien que peu de ses écrits aient survécu, les témoignages postérieurs (notamment ceux d'Aristote ou Hérodote) nous permettent de reconstituer certaines de ses contributions, notamment en astronomie.
Selon Hérodote, Thalès aurait prédit une éclipse solaire qui mit fin à une bataille entre les Mèdes et les Lydiens. Même si les détails sont discutés par les historiens modernes (la précision d'une telle prédiction sans modèles mathématiques avancés reste douteuse), cela témoigne de son intérêt pour les phénomènes célestes cycliques. L’éclipse en question aurait eu lieu le 28 mai 585 av. J.-C., ce qui correspond à une éclipse réellement observable en Asie Mineure.
Thalès aurait voyagé en Égypte et peut-être en Babylonie, où il aurait appris les bases de l’astronomie mésopotamienne, notamment les cycles lunaires et solaires, et aurait introduit ces savoirs en Grèce, jetant les bases de l’astronomie grecque rationnelle.
Il aurait aussi proposé que la Lune n’émet pas sa propre lumière, mais réfléchit la lumière du Soleil, une idée novatrice à l’époque, et que cela expliquerait les phases lunaires. Il aurait avancé que les éclipses de Lune résultent de l’ombre de la Terre projetée sur la Lune, ce qui correspond à notre compréhension actuelle des éclipses lunaires.
Enfin, Thalès est souvent cité comme le premier à avoir tenté une explication rationnelle et géométrique des phénomènes naturels, sans recourir aux mythes. Il aurait aussi mesuré la hauteur des pyramides en utilisant les ombres, montrant ainsi une application du raisonnement géométrique à la nature.
Anaximandre: l'élève dépasse le maître?
L'apport de Thalès ne s’arrête pas la puisque son élève, Anaximandre, a été l’un des tout premiers penseurs à proposer une vision rationnelle et naturaliste du cosmos. Ses apports à l’astronomie sont à la fois fondateurs, audacieux et symboliques, car ils marquent un tournant dans l’histoire des idées : l’abandon progressif des explications mythologiques au profit de la raison et de l’observation.
Cela implique une tentative de quantifier la distance et la taille des astres, même si les valeurs qu’il propose sont arbitraires.
Il aurait été l’un des premiers Grecs à utiliser un gnomon (instrument vertical projetant une ombre) pour mesurer la hauteur du Soleil, les solstices et les équinoxes et les saisons. Cela montre un effort de mathématisation du ciel à des fins pratiques.
Héritage et importance
Bien que ses modèles aient été dépassés, Anaximandre est crucial pour l’histoire de l’astronomie car il ouvre la voie à une pensée rationnelle en cherchant des causes naturelles aux phénomènes ; géométrique en pensant le cosmos en volumes, distances et cercles ; et théorique en ne se contentant pas seulement d’une observation empirique. Il influence de nombreux penseurs qui vont lui succéder en posant les bases d’une cosmologie cohérente et systémique.Apports de l’antiquité jusqu'au Moyen-Age
Pythagore (vers -570 à -495 av. J.-C.) est traditionnellement considéré comme l’un des premiers à avoir proposé que la Terre était sphérique, plutôt que plate, une idée qui allait profondément influencer la pensée grecque et occidentale.Vers le 4e siècle av J-C, c'est Aristote qui propose un modèle géocentrique : la Terre est au centre de l’Univers.
Ptolémée et son Almageste: un modèle qui perdurera 1300 ans !
Crise Cosmologique en Europe
L'Âge d'Or de l'Astronomie Islamique: 8e - 13e siècles
Al-Battani (vers 858 – 929)
Il découvre par ailleurs la variation de l’aphélie du Soleil. Il observe que la position du Soleil à son apogée (ou aphélie) change lentement au fil du temps, anticipant ce que l’on appelle aujourd’hui la précession de l’ellipse terrestre.
Cette variation de l’orbite du Soleil autour de la Terre (selon son modèle) traduit en réalité un phénomène héliocentrique, mais à son époque cela restait encore inconcevable.
Son œuvre principale est le Kitāb al-Zīj (le "Livre des Tables"), un traité monumental rassemblant ses observations et ses calculs. Il est traduit en latin au XIIe siècle sous le titre De Scientia Stellarum.
Ce texte influencera durablement les astronomes européens, notamment Copernic, Regiomontanus, Tycho Brahe et Kepler.
Al-Sufi (903-986)
Al-Sufi (nom complet : Abd al-Rahman al-Sufi, parfois latinisé en Azophi) fut un éminent astronome persan du Xe siècle, né en 903 à Rey (près de l’actuelle Téhéran) et mort en 986. Il est surtout célèbre pour avoir fusionné l’héritage grec (notamment le catalogue d’Hipparque et de Ptolémée) avec les observations propres à la tradition islamique et à son époque. Son œuvre a eu une influence profonde et durable, tant dans le monde islamique que dans l’Europe médiévale.
Son œuvre majeure s’intitule en arabe: "Kitāb Ṣuwar al-Kawākib al-Thābita" , ou Le Livre des Constellations des Étoiles Fixes, achevé en 964.
Cet ouvrage est l’un des premiers manuels d’astronomie illustrés de l’histoire. C'est une mise à jour critique - et illustrée donc - du catalogue de Ptolémée, tiré de l’Almageste, enrichi par des observations propres d’Al-Sufi, des descriptions plus précises des constellations, des illustrations détaillées montrant les étoiles sous deux angles.
Al-Sufi compare systématiquement les données de Ptolémée (magnitudes, positions) avec ses propres observations réalisées depuis la Perse. Il corrige les magnitudes apparentes de nombreuses étoiles, il ajuste leurs coordonnées (longitude et latitude célestes), il ajoute des commentaires culturels (noms arabes, légendes, positions saisonnières).
Ce "nuage" est aujourd’hui reconnu comme la galaxie M31, visible à l’œil nu par ciel clair.
Le Livre des étoiles fixes a été copié pendant des siècles, souvent accompagné de magnifiques illustrations manuscrites. Il a influencé les astronomes musulmans et les savants européens du Moyen Âge, via les traductions latines ultérieures. L’astronome Johann Bayer et d’autres se sont appuyés sur ses travaux pour établir des cartes stellaires modernes.
En son honneur, un cratère lunaire a été baptisé "Azophi".
Ibn al-Haytham (965 - 1040)
Ibn al-Haytham (en arabe : ابن الهيثم, latinisé en Alhazen) est l’un des plus grands savants du monde islamique médiéval, né vers 965 à Bassora (actuel Irak) et mort vers 1040 au Caire. Il est surtout connu comme le père de l’optique moderne, mais ses travaux ont également eu un impact important sur l’astronomie, les mathématiques, et la méthode scientifique dans son ensemble.Dans plusieurs traités, Ibn al-Haytham remet en question le modèle géocentrique de Ptolémée, non pas parce qu’il propose une alternative (il reste géocentriste), mais parce qu’il dénonce les irrégularités géométriques du système (notamment l’usage de l’équan, qui viole le principe du mouvement circulaire uniforme). Il considère aussi que les hypothèses de Ptolémée ne sont pas en accord avec la physique d’Aristote.
Bien qu’il n’apporte pas de modèle alternatif au géocentrisme, son œuvre alimente un débat critique sur la validité du système ancien, essentiel pour faire évoluer l’astronomie.
Il démolit l’idée grecque que la vision résulte d’un rayon émis par l’œil (théorie de l’émission) et démontre que la lumière entre dans l’œil depuis une source extérieure, ce qui jette les bases de l’optique moderne.
Il décrit avec précision la réfraction de la lumière dans différents milieux, le fonctionnement de l’œil humain et la formation des images sur une surface.
Ces concepts seront fondamentaux plus tard pour la construction de lentilles, lunettes astronomiques et télescopes, bien que ceux-ci apparaîtront bien après sa mort.
Son œuvre a été traduite en latin dès le XIIe siècle, notamment en Espagne (Toledo), sous le nom Alhazen.
Kepler, en particulier, reconnaîtra l’importance des travaux d’Ibn al-Haytham sur la vision dans ses propres études sur l’optique astronomique.
Aujourd’hui, le cratère lunaire Alhazen porte son nom.
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